Parrain historique, le premier du nom, et fidèle années après années, Roger J. Ellory n’a pas pu être des nôtres en 2020, pas plus qu’il n’a pu venir en France depuis presque 2 ans !
Impatient de renouer avec son pays d’adoption, il nous livre ses sentiments sur sa situation et sur son dernier roman paru en France.
Comment ça va alors que tu es toujours coincé en Angleterre, ne pouvant ni participer aux salons du livre, ni rencontrer tes lecteurs ?
Evidemment c’est très frustrant. Je crois que je ne suis pas allé en France depuis l’automne 2019 ! J’ai un sévère syndrome de manque de festivals ! Ecrire un livre est une activité individuelle, souvent solitaire, toujours calme, et les rencontres avec les lecteurs et les autres auteurs dans les festivals sont les seules choses en commun que nous avons. Ce sont les seuls moments où nous pouvons remercier les lecteurs de leur soutien incroyable, d’écouter leurs recommandations, parler de ce boulot un peu dingue dans lequel nous sommes impliqués. J’ai vraiment hâte de repartir sur les routes, de retourner en France et encore une fois, revoir tous les amis qui nous ont tant manqués.
Est-ce que rester à la maison a bridé ton imagination, ou au contraire cela a été bénéfique ?
Et bien, tu me connais, je n’arrête jamais de travailler ! Cela fait des années que je travaille chez moi, donc cet isolement m’est plutôt familier. Ne pas avoir été distrait par d’autres choses m’a permis de me concentrer sur beaucoup d’autres projets. J’ai écrit deux livres, deux films, deux séries télé et de quoi faire un nouvel album. Je suis resté très occupé mais l’impossibilité de passer du temps avec la famille et les amis a été une épreuve, bien entendu !
Comment est venue l’idée de ton dernier roman paru en France «Le carnaval des ombres» (Sonatine 2021) ?
Cela vient de ma fascination pour le FBI et la CIA, de leur création et de leur organisation, de comment ils ont tout mis en œuvre pour contrôler autant de gens par la peur et la propagande. Je suis aussi philosophiquement fasciné par la nature profonde de l’Homme, d’où nous venons, où nous allons, pourquoi nous sommes là. Je pense que tous mes livres sont une exploration dans la psychologie humaine et la narration et les personnages que j’ai crées sont des moyens par lesquels cette exploration peut être faite. Je suis intéressé par les décisions que les gens peuvent prendre dans leurs vies et la façon dont cela influence celles des autres et d’une façon plus large, toutes les conséquences qui en découlent.
Ce livre parle de la vie d’un homme qui a toujours caché son passé. Les évènements et les circonstances qu’il a du affronter le confrontent à sa propre identité, à ses propres expériences et tout ce qui a fait de lui la personne qu’il est devenu.
Encore une fois, cette histoire est une façon de découvrir les nuances de gris qui existent à l’intérieur de chacun. C’est un drame humain, un thriller en mode ralenti et qui pourrait être comparé à mes romans «Vendetta» ou «Les anonymes», pour son objet et sa portée.
Quelle est la première chose que tu feras lors de ton retour en France, ou, nous l’espérons, à Mulhouse ?
Rencontrer mes amis, boire du vin, faire de bons repas et nous parlerons, parlerons et parlerons encore de toutes les choses importantes qui se sont passées depuis que nous nous sommes vus pour la dernière fois. Nous ne parlerons pas de la pandémie mais de livres, de films, de musique et des projets sur lesquels nous travaillons. La chose la plus importante dans la vie !
As-tu un message pour les fans du Festival ?
Nous sommes ensemble depuis le début, et le support et les encouragements de tous ont été incroyables au Festival Sans Nom. Revenir à Mulhouse est comme se connecter à une famille, et c’est quelque chose qui m’a manqué énormément. J’espère vraiment pouvoir revenir en octobre. Si ce n’est pas le cas, je devrais peut-être révoquer ma nationalité britannique et déménager en France pour toujours !
Entretien réalisé par Hervé Weill